Noël à Bethléem en 1896- Comte de Piellat

Extrait d’une lettre du Comte de Piellat

…Je vais vous dire ce qui s’est passé à Bethléem. La veille de la fête vers 1 heure et demie le Patriarche fait une entrée solennelle à Bethléem. Il arrivait de son séminaire monté sur un cheval précédé d’un ecclésiastique portant une grande Croix et suivi de ses chanoines, tous à cheval. Les catholiques de Bethléem vont à sa rencontre montés sur des chevaux.

Arrivé à mi-chemin, sur la hauteur où se trouve le Convent grec de Saint Elie où se reposa le prophète lorsqu’il fuyait la colère de Jézabel vers le Sinaï, il rencontre les Bethléemitains à cheval, qui se placent alors devant le cortège jusqu’à leur village.

Sur la place de l’Église, le Supérieur du Convent des Franciscains reçoit le Consul (Autrefois il arrivait à cheval ; maintenant, depuis que la civilisation entre dans ce pays, il vient prosaïquement en voiture) ; il le conduit à l’appartement qui lui est réservé au Couvent. Le Couvent ce jour, ne ressemble guère à un couvent : c’est une hôtellerie orientale. Tout est encombré, tout est occupé, ce n’est que bruit et tapage. Là outre la chambre du Consul, précédée d’un petit salon où il mange et où il reçoit, il y a les chambres de sa suite ; quelques chambres pour les étrangers ; puis les chambres en poste des kawas, des gendarmes turcs, etc.

Vers 4 heures et demie : procession des Religieux et des Prêtres, présidée par le Patriarche. Cette procession a lieu tous les jours de l’année. Vers 6 heures et demie : souper ou collation générale. Dans les réfectoires de pèlerins on parle toutes les langues. Dans les cloîtres se promènent bruyamment les habitants de Bethléem drapés dans leur riche costume ; les enfants courent et font du tapage ; les femmes se tiennent à l’écart.

Elles revêtent aujourd’hui leur costume traditionnel, propre à Bethléem seulement. De leur haute toque ou mitre pend un voile blanc, chamarré de dentelles en couleurs et en or… Ce qui caractérise le costume des Bethléemitaines, c’est surtout cette plaque d’étoffe rouge, entière et couverte de broderie, qui est cousue à leur robe, devant la poitrine : est-ce un souvenir du pectoral du Grand Prêtre juif ?(Voir suite)

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