D’un amour éternel je t’ai aimé

Exhortation du Père Joseph sur la miséricorde

Sur les paroles du chapitre 31 de Jérémie : « Je t’ai aimée d’une charité perpétuelle » , il est traité de la charité, de l’attraction et de la miséricorde de Dieu envers nous et comment l’âme doit y correspondre.

Je t’ai aimée d’une charité perpétuelle

Un secret du cœur de Dieu

Mon dessein est de vous dire un secret de la part de Dieu, ce qui vous est une grande marque de son amour car les secrets ne se confient qu’aux amis et il n’y a rien de plus désirable que de connaître des secrets, particulièrement quand c’est de quelque personne de qualité et de plus quand ce sont choses d’importance et qui nous touchent. Or, il n y a personne de si grand que Dieu, rien de si important que notre salut et rien qui nous touche de si près. C’est pourquoi ce nous est un grand bonheur qu’aujourd’hui Dieu daigne vous manifester le secret de son cœur et le dessein qu’il a sur vous.

Sacré Cœur

Une citation de Jérémie

Ce que j’ai donc à vous dire est de vous expliquer un passage de Jérémie où Dieu, parlant par ce prophète dit : « Je t’ai aimé d’une charité perpétuelle, partant je t’ai attiré ayant pitié de toi. » Il m’est venu un mouvement de vous en donner l’intelligence et de vous montrer comment ces paroles vous appartiennent particulièrement. Voici donc, mes sœurs, un grand secret : Dieu dit à tous les chrétiens qu’il les aime d’un amour éternel. Dieu dit donc à chacune de vos âmes : “Je t’ai aimée d’une charité éternelle, partant, je t’ai attirée, ayant pitié de toi.” Il faut y remarquer trois choses :

  • un Amour éternel
  • une attraction éternelle
  • une Miséricorde éternelle La Miséricorde est la dernière parce que c’est la plus proche de nous, c’est-à-dire celle dont nous ressentons en premier les effets, quand Dieu pardonne nos péchés. Il me semble que ce sont d’agréables nouvelles que Dieu vous aime, qu’il a pensé à vous, qu’il vous a aimées de toute éternité !

Une Miséricorde éternelle

Parlons d’abord des effets de la Miséricorde. Parcourez un peu tous les états de votre vie depuis votre naissance. Voyez le soin que Dieu a eu de vous dès votre enfance, la Miséricorde dont il a usé en vous prévenant du désir de le servir, ou bien, si vous avez passé une partie de votre jeunesse à l’offenser, il vous a montré encore plus sensiblement les effets de sa Miséricorde, en vous pardonnant ces offenses et en vous donnant tant de fois sa grâce et son amitié par le moyen des sacrements. Vous me direz : “Je me sens toujours si misérable, inconstante et facile à retomber en mes fautes”. Vous avez raison, mais plus vous êtes proches de vous-mêmes et partant éloignées de Dieu, plus grande est la grâce qu’il vous a faite, plus grande est sa Miséricorde.

Une attraction éternelle

Christ miséricordieux

Quant à l’attraction, souvenez-vous des moyens que la Divine Providence a tenu en tous les états de votre vie, des lumières et forts mouvements qu’il vous a donnés pour vous attirer au dessein de la perfection. Quelques fois, il laisse les âmes tremper dans leurs faiblesses et imperfections avant de les tirer à une haute sainteté. D’autant que ces âmes étant disposées à l’orgueil, elles coromperaient toutes les grâces de Dieu, ainsi il les fonde en humilité et souffre pour un temps qu’elles ne le servent pas si bien pour après verser des grâces en elles avec sûreté. Une bonne âme dit : Comment après tant d’effets de la Miséricorde de Dieu et de son attraction pourrais-je douter de son amour ?

La correspondance de l’âme

Ce que l’âme doit donc faire est de tenir son cœur pur et net de l’affection à toute sorte de péché. C’est cela qui donne le témoignage d’une bonne conscience et fait qu’on ressent une douce et suave espérance en la Divine Miséricorde. Cette âme, se voyant attirée par Dieu, a hâte d’y correspondre, de quitter tout pour s’attacher à Lui par un acte d’amour éternel. Cette âme n’a qu’une seule affaire, c’est de correspondre de moment en moment à ce que le trait intérieur requiert d’elle. Quand elle commet quelque faute, elle ne s’inquiète pas mais elle s’humilie : “Il est vrai, mon Dieu que je suis tombée, et si vous ne m’aidiez, je ferai bien pire, mais je veux commencer, dès cet instant, à vous être fidèle”. Elle s’élève par dessus toutes ses inquiétudes et court plus vite à son Dieu qu’auparavant. Combien c’est agréable à Dieu et combien il se plaît de voir une pauvre âme, parmi des faiblesses et petites peines, toujours tendre vers lui de tout son cœur. Car la vraie souffrance de cette vie est de ne pouvoir jouir continuellement de la présence de Dieu.

Des moments d’éternité

Cet amour éternel de Dieu doit vous porter à l’aimer éternellement. L’âme voudrait que tous les moments de sa vie soient des redoublements d’amour. Si la distraction et la fragilité l’emportent dans les affaires et emplois où l’obéissance la met, tout aussitôt qu’elle peut avoir un moment, elle le saisit pour se recueillir et même elle est fidèle à en prendre le plus qu’elle peut par-ci par-là afin de faire de ce moment une petite éternité pour aimer son Dieu et ainsi elle supplée en quelque sorte à ce que la fragilité humaine ne permet pas de faire toujours. O mon Dieu ! Être infini, présent sans cesse à mon âme, je ne veux rien voir ni rien aimer que vous.

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